Je pourrais sortir les thèmes classiques en lien avec le fait de vieillir en solitaire… la précarité financière, les problèmes de santé et la perte d’autonomie, le risque d’isolement social et de dépression… Je pourrais aussi vous étaler toutes les statistiques qu’on nous ramène régulièrement dans les articles sur le sujet…
Mais je n’ai pas envie de rester dans ces lieux communs, même si évidemment ces enjeux peuvent nous rattraper à tout moment. Personne n’est à l’abri de pépins.
J’ai plutôt envie de vous dire que vieillir solo n’est pas forcément un drame. Il y a les variables que l’on ne peut ni contrôler ni anticiper, mais je crois qu’avec un peu de chance et d’organisation, vieillir solo et heureux•se est tout à fait possible.
Je fais d'abord mon mea culpa, j’ai moi-même longtemps crains une vieillesse en solitaire. L’idée de tomber malade ou invalide et de n’avoir personne pour m’aider et prendre soin de moi me faisait très peur. Et puis, maintenant engagée dans la soixantaine et toujours solo, je réalise qu’il y a un danger dans le fait d’idéaliser la vieillesse en couple. On imagine que les bons moments… Oui, certaines journées j’ai rêvé de sortir avec une beau vieux qui m’amènerait en voyage…et puis me vient l’idée … et si c’était moi qui devais prendre soin de lui ? C’est un couteau à deux tranchants…
Bien sûr, le réseau social devient de plus en plus important dans le dernier droit de notre vie. Quand on est solo, cultiver ses amitiés et utiliser les technologies pour rester en contact restent les meilleurs moyens pour s’assurer de rester active et en bonne santé mentale et physique. Oui, bien sûr il y a les enfants, pour ceux et celles qui en ont… mais mieux vaut ne pas tout mettre nos espoirs de ce côté. Nos amours ont leurs vies, et la dernière chose que l’on devrait faire est de les accabler avec des attentes trop grandes.
Pour ma part, je rêve toujours d’un village, d’une coop de mini-maisons réservés aux gens retraités, dans lequel se créerait une communauté amicale et soutenante fournissant l’entraide et le soutien souvent difficiles à trouver à cette période de la vie. Si je gagne la loterie, je vous promets que je mets ce projet sur pied ! (voir mon texte à ce sujet: rêve de mini-maisons en cooperative).
En attendant, je peux vous parler de ma façon à moi de voir ma vieillesse qui se profile pas si loin.
Les modèles familiaux que j’ai sont exactement ceux auxquels je ne veux pas ressembler. J’ai dû m’imaginer un modèle sur des bases complètement différentes de ce que je vois autour de moi. À l’instar de ma vie des vingt dernières années, j’ai aussi compris qu’il ne servait à rien d’attendre la compagnie des autres pour vivre heureuse. J’ai le privilège de la santé, pour le moment du moins, et je décide d’en retirer le maximum.
Récemment retraitée, je refuse de rester immobile. Après une deuxième moitié de vie à me rebâtir suite à des périodes de grandes difficultés et des échecs amoureux successifs, j’embrasse ma vie solo avec tout ce qu’elle a à m’offrir de défis, mais aussi de moments magiques de grands et de petits bonheurs.
À 61 ans, je ne me suis jamais sentie aussi prête à me challenger et me sortir de ma zone de confort. Alors je prends les rênes et je fonce.
« Foncer » n’a pas la même définition pour tous. Pour moi, foncer c’est partir solo sur un road-trip aux Iles de la Madeleine, aller voir un show et être la seule sexagénaire dans la salle, me cuisiner un souper et le déguster aux chandelles, passer ma soirée sur ma batterie, chanter à tue-tête, décider de partir faire une randonnée à cheval, et même m’enfermer quelques jours pour écrire… Et vous, comment vous « foncez »?
Je crois qu’en bout de ligne, le secret de vieillir sereinement réside dans l’indulgence et le respect que l’on se démontre à soi-même, souvent après une vie où on en a eu trop peu. Soyez doux•ce envers vous-même, permettez-vous des journées à flâner, pardonnez-vous certains bouts de votre vie dont vous êtes moins fièr•e… Cessez de vous sentir redevable à tout le monde… et surtout à ceux à qui vous ne vous ont rien donné. Libérez-vous des gens qui vous ont blessés, soyez indulgente envers vous-même….. Et surtout, permettez-vous des folies et des plaisirs, peu importe s’ils sont petits ou grands. Cessez de vouloir plaire à tout le monde….Plaisez-vous !!
Je souhaite que mes enfants diront un jour à leurs enfants que leur mère leur a montré comment vieillir heureux•se…